Par ces histoires, doña
Mercedes se proposait de me montrer que les sorcières, ou même les gens
ordinaires, sont capables d'utiliser des forces extraordinaires qui existent
dans l'univers pour altérer le cours des événements, ou le cours de leur vie ou
des vies d'autres personnes. Le cours des événements est ce qu'elle appelait
« la roue du destin », et le processus par lequel il se trouve
affecté, « l'ombre de sorcière ».
Elle affirmait qu'on peut modifier n'importe quoi sans inférer
directement sur le processus; et parfois sans même en être conscient.
Pour les Occidentaux, c'est inconcevable. Si nous nous surprenons à
affecter le cours des événements sans intervenir directement sur eux, nous
pensons que la coïncidence est la seule explication sérieuse; car nous croyons
que l'intervention directe est la seule manière d'altérer quoi que ce soit. Par
exemple, les historiens attribuent aux événements des implications sociales
complexes. Ou dans un cadre plus restreint, les gens interviennent directement,
par leurs actes, sur la vie d'autres personnes.
En revanche, les histoires choisies par doña Mercedes nous font prendre
conscience d'un fait qui nous est peu familier : elles nous indiquent
l'incompréhensible possibilité d'exercer, sans intervenir de manière directe,
plus d'influence que ce que nous pensons sur le tour que prennent les
événements.
Florinda Donner-Grau, Le rêve de la sorcière, épilogue.
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