jeudi 15 juillet 2010

Le Hagakuré - la sagesse et l'oubli du moi




Certaines personnes ont la capacité innée de mobiliser leur intelligence dès que la situation l’exige. D’autres, au contraire, veilleront des nuits entières, martelant les oreillers, à force d’angoisse et de concentration jusqu’à ce qu’ils trouvent une solution au problème. Mais si on ne peut, dans une certaine mesure, éviter de telles différences de tempérament, n’importe qui peut, en faisant sien les Quatre Vœux, acquérir une sagesse inimaginable auparavant. On pourrait croire que quels que soient ses dons et si difficile que soit le problème posé, on devra bien finir par trouver une solution si on y réfléchit avec assez de concentration et assez longtemps. Mais tant qu’on fonde ses raisonnements sur le « moi », on ne sera que malin et non pas sage. L’être humain est déraisonnable et il a du mal à renoncer au « moi ». Dans une situation délicate, pourtant, si on laisse de côté le problème particulier qui se pose pour se concentrer sur les Quatre Vœux et abandonner le « moi » avant de se mettre en quête d’une solution, on ne commettra pas souvent d’erreur.
Hagakuré, Livre I
In Yukio Mishima, Le Japon moderne et l’éthique samouraï, traduction Emile Jean, Arcades Gallimard, 1985, p. 101

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