mercredi 1 mai 2019

L'art du calme intérieur

Le lâcher-prise vient lorsque vous ne demandez plus : « Pourquoi cela m’arrive-t-il ? »

D’une certaine manière manière, le lâcher-prise est la transition intérieure de la résistance à l’acceptation, du « non au « oui ». Lorsque vous lâchez prise, votre sentiment personnel cesse de s’identifier à une réaction ou à un jugement mental pour passer à l’espace qui entoure cette réaction ou ce jugement. Au lieu de s’identifier à la forme -pensée ou émotion -, il est, tout simplement, et reconnaît en vous ce qui est sans forme, la conscience spacieuse.



Tout ce que vous acceptez entièrement vous mêne à la paix, même l’impossibilité d’accepter, même la résistance.

Laissez la Vie tranquille. Laissez-la être.


Eckhart Tolle, L’art du calme intérieur, 2003, traduction Michel Saint-Germain. J’ai lu, 2012, p.74-75.


mercredi 20 février 2019

Méditation sur l'amour

Le Bouddha a aussi offert des exercices spécifiques à ses disciples pour les aider à pratiquer et à réaliser les quatre états illimités :

Lorsque votre esprit est rempli d'amour, envoyez-le dans une direction, puis une seconde, une troisième, une quatrième, puis vers le haut et vers le bas. Identifiez-vous à tous sans haine ni rancoeur, sans colère ni animosité. cet esprit d'amour est très vaste. Il ne cesse de grandir, jusqu'à s'étendre au monde entier. Pratiquez de même avec l'esprit rayonnant de compassion, de joie et d'équanimité.
De son esprit baigné d'amour, le moine éclaire une direction, puis une seconde, puis une troisième, puis une quatrième, vers le haut, vers le bas, puis tous les alentours, s'identifiant à tout ce qu'il rencontre. Il éclaire le monde entier d'un esprit rayonnant d'amour, vaste, ouvert, élargi, délivré de toute haine et de toute rancoeur. Il fait de même avec son esprit empli de compassion, de joie et d'équanimité.

Lorsque l'énergie d'amour en nous est assez forte, nous pouvons l'envoyer à tous les êtres dans toutes les directions. Mais il ne faudrait pas croire que la méditation sur l'amour n'est qu'un acte d'imagination - nous imaginons l'amour pareil à des vagues sonores ou lumineuses, ou à un nuage blanc et pur qui se forme lentement et grandit jusqu'à embrasser le monde entier. Un vrai nuage produit de la pluie. Les sons et la lumière pénètre partout, aussi doit-il en être de même pour notre amour. A nous de voir si notre esprit d'amour est présent dans nos relations avec nos semblables. Pratiquer la méditation de l'amour dans la position assise n'est qu'un début.


Mais il est important de commencer. On s'assied tranquillement et l'on regarde profondément en soi-même. Avec la pratique, l'amour grandira naturellement et finira par tout inclure. En apprenant à voir avec les yeux de l'amour, nous supprimons la colère et la haine de notre esprit. Tant que ces formations mentales négatives seront présentes en nous, notre amour ne sera pas complet. Peut-être avons-nous l'impression de comprendre et d'accepter les autres, mais nous ne sommes pas capables de les aimer profondément. Nagarjuna a dit : "Lorsque vous pratiquez les états d'amour sans limites, vous devez regarder profondément pour faire face à la colère et à la haine".
(...)
La pleine conscience est l'énergie qui nous permet de regarder profondément notre corps, nos sensations, nos perceptions, nos formations mentales et notre conscience et de voir  clairement quels sont nos véritables besoins, de façon à nous éviter de périr noyés dans l'océan de souffrance. L'amour finit par gagner notre esprit et notre volonté et il se manifeste alors dans nos actions. Les paroles et les actes étant le fruit de la volonté, quand notre volonté est baignée d'amour, nos paroles et les actes sont aussi insufflés d'amour. Nous ne prononçons que des paroles aimantes et constructives, faisant en sorte d'apporter le bonheur et de soulager la souffrance.

Buddhaghossa (...) nous dit qu'à partir du moment où notre méditation commence à porter ses fruits, on reconnaît en soi les signes d'un esprit aimant : (1) on dort mieux. (2) on ne fait pas de cauchemars (3) notre état d'éveil est plus aisé (4) on n'est ni anxieux ni déprimé, et (5) on est aimé et protégé par tout le monde et tout ce qui nous entoure.

Thich Nhat Hanh, Enseignements sur l'amour, 1990. Traduit de l'anglais par Marianne Coulin. Albin Michel spiritualités vivantes, 2004, pp.20-23.

jeudi 14 février 2019

Vivre au centre de soi-même

L'homme naît avec un centre. Mais il en est totalement ignorant. L'homme peut vivre sans savoir qu'il possède un centre, mais il ne peut pas vivre sans que ce centre existe. Le centre est le lien entre l'homme et l'Existence, la racine. Vous pouvez l'ignorer ; la connaissance n'est pas essentielle à l'existence du centre. Mais si vous ne le connaissez pas, votre vie sera celle d'un déraciné.
Sartre dit que l'homme est "jeté là". Il est bien clair que si vous ne connaissez pas votre centre, vous aurez l'impression d'être "jeté là" dans le monde.
(...)
L'homme naît, enraciné dans un lieu particulier, dans un "chakra" (centre) particulier, le nombril.
(...)
A sa naissance, l'enfant est au centre de lui-même, dans le"hara", le nombril. Son existence est intimement liée au "hara". Regardez un bébé respirer ; il respire avec son ventre, il vit avec son ventre - non pas avec sa tête, ni avec son coeur.

Mais au fil des années, il va s'en éloigner.
L'enfant va se développer à travers le coeur, centre des émotions. Il va apprendre l'amour, il va apprendre à être aimé et à aimer. Le coeur est un centre secondaire mais il a son importance.
(...)
Le troisième centre est la raison, l'intellect, la tête. (...)
Nous vivons surtout dans le troisième centre.



Bagwan Shree Rajneesh, Le livre des secrets, 1974, traduction Swami Shantideva et Martine Witnitzer. Albin Michel, collections spiritualités vivantes, 1983, 1991, pp 225-226

dimanche 10 février 2019

Henri Michaux, "L'exorcisme est le véritable poème du prisonnier"

Le vieux vautour

C’est un vieux vautour qui ne me lâche pas.
Ah, il trouve bien toujours un perchoir près de moi. Il sait me retrouver.
Parfois sur la tête d’un ami je le vois, dans le visage d’un inconnu, qui essaie de mettre son oeil rond au regard qui ne fléchit jamais, et même son bec, il essaie de l’y mettre malgré l’extrême impropriété à cet égard de la figure humaine.
Néanmoins, il s’y fixe et s’y fait reconnaître. Pour moi, mon visage à son tour durcit, et je quitte préoccupé ces faux amis, ces hommes qui se croient quelque chose et même quelqu’un et n’ont pas su défendre leur face.

Henri Michaux, Epreuves, exorcismes, Gallimard, 1946.