lundi 1 décembre 2014

Sagesse exercée


Dans notre vie personnelle ou professionnelle, nous sommes sans cesse préoccupés par ce qui n'est plus ou ce qui n'est pas encore, par le désir de réussir ou la crainte de d'échouer. Pour trouver la paix de l'âme, il faut être centré sur le présent. Mais pour y arriver, la bonne volonté  ne suffit pas. Il faut s'y exercer. (...) La philosophie en Occident est trop souvent réduite à une activité théorique et abstraite. Or sans travail sur le corps, on ne peut accéder à la sagesse qui est le but de toute philosophie. (...) La principale technique, c'est l'assise en silence (la méditation). Pendant une demi-heure, vous êtres confronté(e) à toutes les réactions mentales et émotionnelles possibles. Vous allez sentir des tressaillements dans l'épaule, un mouvement involontaire dans les jambes. La tension peut réveiller une douleur ou simplement vous agacer. Une scène désagréable peut vous revenir en mémoire. Inversement, vous pouvez vous sentir bien, vous mettre à rêver. Dans la méditation silencieuse, il n'y a pas d'interprétation de ces réactions, vous vous contentez de les observer. La méditation est suivie de dix minutes de marche lente en silence. Bien sûr tout le monde marche, mais qui observe comment il marche ? Là encore, vous observez sans jugement vos sensations. La lenteur de la marche vous libère de la précipitation. (...) Cela facilite l'émergence progressive d'un sentiment de confiance, de bonheur, de présence à l'instant.

Interview de Jacques Castermane, auteur de La sagesse exercée, La Table ronde,  2005. In Alternative santé n°323, juin 2005


Le "cancer de l'esprit" vs les "forces intérieures". Colin Wilson


Mais l'homme devient progressivement le maître de la Terre et il y parvient en développant son intelligence, sa conscience. Ainsi, il devient "double", séparé de ses conduites instinctives. Des frustrations apparaissent et se transforment en petites poches bouillonnantes d'énergie réprimée. (...) Les cancers de l'esprit commencent à se former.
Quand un homme perd le contact avec ses profondeurs instinctives, il se trouve prise dans le monde de la conscience, c'est-à-dire dans le monde des autres. Un poète sait bien cela ; quand il est las des autres, il se tourne vers des ressources cachées à l'intérieur de lui-même (...) Il sait que la "vie secrète" qui est en lui est la réalité. (...) "L'homme est un animal social", disait Aristote. C'est la plus grande contre-vérité de l'histoire de l'homme ; car l'homme a plus de points communs avec les collines, ou avec les étoiles (...)
Le poète est un être plus ou moins unifié ; il n'a pas perdu contact avec ses forces intérieures. Mais ce sont les autres hommes, les "ombres", qui sont sujets au cancer de l'esprit. Pour eux, la société humaine est la réalité. Ils sont uniquement préoccupés de ses petites valeurs personnelles, de sa mesquinerie, de sa méchanceté, de son égoïsme.

Colin Wilson, Les parasites de l'esprit, 1967. éditions Planète, 1969, pp.191-192.