lundi 1 décembre 2014

Le "cancer de l'esprit" vs les "forces intérieures". Colin Wilson


Mais l'homme devient progressivement le maître de la Terre et il y parvient en développant son intelligence, sa conscience. Ainsi, il devient "double", séparé de ses conduites instinctives. Des frustrations apparaissent et se transforment en petites poches bouillonnantes d'énergie réprimée. (...) Les cancers de l'esprit commencent à se former.
Quand un homme perd le contact avec ses profondeurs instinctives, il se trouve prise dans le monde de la conscience, c'est-à-dire dans le monde des autres. Un poète sait bien cela ; quand il est las des autres, il se tourne vers des ressources cachées à l'intérieur de lui-même (...) Il sait que la "vie secrète" qui est en lui est la réalité. (...) "L'homme est un animal social", disait Aristote. C'est la plus grande contre-vérité de l'histoire de l'homme ; car l'homme a plus de points communs avec les collines, ou avec les étoiles (...)
Le poète est un être plus ou moins unifié ; il n'a pas perdu contact avec ses forces intérieures. Mais ce sont les autres hommes, les "ombres", qui sont sujets au cancer de l'esprit. Pour eux, la société humaine est la réalité. Ils sont uniquement préoccupés de ses petites valeurs personnelles, de sa mesquinerie, de sa méchanceté, de son égoïsme.

Colin Wilson, Les parasites de l'esprit, 1967. éditions Planète, 1969, pp.191-192.

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