jeudi 1 novembre 2012

Terre Sacrée "Wakan". Le silence et le langage

Enfant, je savais donner ; j'ai perdu cette grâce en devenant civilisé. Je menais une existence naturelle, alors qu'aujourd'hui je vis dans l'artificiel. Le moindre joli caillou avait de la valeur à mes yeux; chaque arbre était un objet de respect. J'admire aujourd'hui, avec l'homme blanc, un paysage peint dont la valeur est estimée en dollars ! C'est ainsi que l'Indien est reconstitué, comme des pierres naturelles qui, réduites en poudre, sont reformés en blocs artificiels pour aller construire les murs de la société moderne.
Costume d'Ours. Source : http://www.firstpeople.us/


Les premiers Américains tempéraient leur fierté d'une singulière humilité. L'arrogance spirituelle était étrangère à leur nature et à leur enseignement. Ils n'ont jamais prétendu que le pouvoir de la parole articulé était une preuve de supériorité sur la création muette ; la parole était pour eux un cadeau empoisonné. Ils croient profondément au silence - signe d'une harmonie parfaite. Le silence est l'équilibre absolu du corps, de l'esprit et de l'âme. L'homme qui préserve l'unité de son être reste calme et inébranlable devant les tourments de l'existence - pas une feuille ne bouge sur l'arbre ; aucune ride à la surface de l'étang qui brille - telle est, pour la sage illettré, l'attitude idéale pour la conduite de la vie.
Si vous lui demandez : "Qu'est-ce que le silence ?", il répondra : "C'est le Grand Mystère ! Le silence sacré est sa voix !" Si vous lui demandez : "Quels sont les fruits du silence ?", il dira : "La maîtrise de soi, le vrai courage ou la persévérance, la patience, la dignité et le respect. Le silence est la pierre angulaire du caractère."
Chiyesa, Pieds nus sur la Terre sacrée, textes rassemblés par T.C. McLuhan, 1971, traduit par Edward S. Curtis, Denoël, 1974, p.112


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