jeudi 23 septembre 2010

Colin Wilson. Les parasites de l'esprit





J’abordais pour la première fois le problème de la psychologie industrielle en qualité d’assistant du professeur Ames de la Transworld Cosmetics Company. Je me trouvais aussitôt en présence d’une situation curieuse et quelque peu hallucinante. Je n’ignorais pas, évidemment, que la « névrose industrielle » était devenue un problème particulièrement sérieux, à tel point que des cours spécialisés avaient été créés pour juger les employés qui sabotaient le matériel, blessaient ou tuaient même leurs camarades de travail. (...)
Qu’est-ce qui détruisait la faculté humaine d’autorégénération ? Je pensais qu’il y avait une cause unique, mais il m’est difficile d’expliquer comment j’en étais arrivé là. Disons que je soupçonnais vaguement la vérité depuis des années. J’en étais venu tout simplement à sentir de plus en plus nettement que le nombre de crimes dits industriels était sans proportion avec les « causes historiques ». J'étais comme le directeur d'une firme qui commence à deviner intuitivement que son chef comptable falsifie les registres sans savoir exactement comment.
Et puis, un jour, je commençai à soupçonner l'existence de vampires de l'esprit. Ensuite tout confirma mes soupçons. Cela se produisit pour la première fois le jour où j'envisageai d'utiliser la mescaline et l'acide lysergique pour soigner les névroses industrielles. Les effets de ces stupéfiants ne sont pas fondamentalement différents de ceux de l'alcool ou du tabac : ces produits ont pour effet de décontracter. Un homme surmené est constamment en état de tension et il lui est impossible de changer d'attitude par un simple effort de volonté. Un verre de whisky ou une cigarette agiront sur ses centres moteurs et relâcheront sa tension.
Mais l'homme possède des habitudes beaucoup plus profondément enracinées que le surmenage. A travers les millions d'années de son évolution, il a acquis toutes sortes d'habitudes pour survivre. S'il perd le contrôle de l'une de ces habitudes, il en résulte une maladie mentale. Par exemple, l'homme a acquis l'habitude d'être prêt à affronter des ennemis; mais s'il laisse cette habitude dominer sa vie, il devient paranoïaque. L'une des habitudes les plus profondément ancrées en l'homme consiste à se tenir en éveil devant les dangers et les difficultés en refusant de se livrer à l'introspection, parce qu'il n'ose pas quitter des yeux le monde qui l'entoure. Une autre habitude, qui relève des mêmes causes, lui fait ignorer la beauté parce qu'il préfère se consacrer à des problèmes pratiques. Ces habitudes sont si profondément ancrées que l'alcool et le tabac sont impuissants à les déraciner. La mescaline, elle, en est capable. Elle atteint jusqu'aux profondeurs ataviques de l'être humain et relâche les tensions automatiques qui font de l'homme l'esclave de son propre ennui et du monde qui l'entoure. J'étais enclin à attribuer à ces habitudes ataviques le problème de l'augmentation du taux mondial de suicides et de crimes industriels. L'homme doit apprendre à se détendre; sinon il est surmené et devient dangereux. Il doit apprendre à atteindre les couches les plus profondes de son esprit pour régénérer sa propre conscience. Il me semblait donc que des stupéfiants appartenant au groupe de la mescaline pourraient me fournir la réponse. Jusqu'alors, l'usage de ces stupéfiants avait été évité en psychologie industrielle pour une raison évidente : la mescaline permet à l'homme de se détendre au point qu'il lui devient impossible de travailler. Il ne désire plus rien d'autre que contempler la beauté du monde et les mystères de son propre esprit. Cependant, il me semblait qu'il n'y avait aucune raison d'en arriver à cette extrême limite. Une dose légère de mescaline, administrée à bon escient, devait pouvoir libérer les forces créatrices de l'homme, sans pour autant le plonger dans un état de stupeur. (...)
J'entrepris donc une série d'expériences avec des stupéfiants du même groupe que la mescaline. Les premiers résultats furent si désastreux que le directeur de la Transworld Cosmetics Company mit brusquement fin à mon contrat. Sur dix sujets, cinq s'étaient suicidés en quelques jours et deux autres avaient subi une perte totale de leurs facultés mentales qui les avaient conduits tout droit à l'asile. Je ne savais plus que penser. J'avais moi-même expérimenté la mescaline lorsque j'étais étudiant, mais j'avais trouvé les résultats sans intérêt. S'évader grâce à la mescaline est certes fort agréable, mais encore faut-il aimer l'évasion. Tel n'est pas mon cas; mon travail m'intéresse beaucoup trop pour cela. Mais les résultats que je venais d'obtenir m'incitèrent à tenter sur moi-même une nouvelle expérience. Je pris un demi-gramme de mescaline. Le résultat fut si horrible que cette évocation me donne aujourd'hui encore des sueurs froides. Il y eut tout d'abord les agréables effets habituels; des zones lumineuses apparaissaient, se propageaient lentement et tournaient comme un phare. Puis j'éprouvai un immense sentiment de paix et de calme, aperçu du nirvana bouddhique, belle et douce contemplation de l'univers qui me paraissait à la fois très lointain et étonnamment enveloppant. Il était évident que je n'avais pas découvert la cause des suicides. J'essayai alors de me livrer à une analyse introspective afin de dresser un bilan de mes perceptions et de mes émotions. Le résultat fut déconcertant. C'était comme si j'avais essayé de regarder à travers un télescope devant lequel quelqu'un aurait délibérément placé sa main pour faire écran. Tous mes essais d'introspection échouèrent. Finalement, par un violent effort de volonté, je tentai de traverser ce mur de ténèbres. Et soudain, j'eus la nette impression que quelque chose de vivant et d'étranger fuyait hors de ma vue. Il n'était pas question, bien sûr, de vue physique. Il s'agissait uniquement d'une « impression ». Mais elle avait une telle apparence de réalité que je devins en un instant fou de terreur. On peut en général fuir une menace physique, mais il n'y avait là pas de fuite possible, puisque la menace était en moi. Pendant près d'une semaine, je fus en proie à la terreur la plus abjecte, plus près de la folie que jamais. J'avais repris pied dans notre monde physique habituel, mais je ne possédais plus aucun sentiment de sécurité. Il me semblait que revenir à la réalité quotidienne, c'était agir comme l'autruche qui enfouit sa tête dans le sable. J'étais absolument incapable de travailler; heureusement, pendant cette période, je n'étais astreint à aucune obligation professionnelle. Environ une semaine plus tard, je me surpris à me demander : « Eh bien! De quoi as-tu peur ? Tu en es sorti indemne », et je commençai immédiatement à me sentir mieux. Quelques jours plus tard, la Standard Motors and Engineering me proposa la direction de son service médical. Je l'acceptai et me plongeai dans des problèmes délicats d'organisation. Longtemps, je n'eus le loisir ni de réfléchir ni de mettre au point de nouvelles expériences. Et lorsque par hasard mes pensées revenaient à mes expériences sur la mescaline, j'éprouvais un sentiment d'horreur si profond que je trouvais toujours quelque excuse pour les chasser de mon esprit. Il y a six mois, j'abordai enfin de nouveau le problème, mais cette fois sous un angle légèrement différent. Mon ami Rupert Haddon, de Princeton, m'avait parlé des résultats encourageants qu'il avait obtenus en soignant des obsédés sexuels avec du L.S.D. J'avais remarqué que, pour m'expliquer ses théories, il utilisait essentiellement la terminologie du philosophe Husserl. Immédiatement, il me sembla évident que « phénoménologie » n'était qu'un autre nom pour désigner le genre d'introspection auquel j'avais essayé moi-même de me livrer sous l'influence de la mescaline. Lorsque Husserl parlait de « découvrir la structure de la conscience », cela signifiait tout simplement descendre dans ce royaume des habitudes mentales dont j'ai parlé. Husserl avait compris que, bien qu'il existât des cartes d'état-major couvrant chaque centimètre de notre globe, il n'existait pas d'atlas de notre monde mental. La lecture d'Husserl me rendit tout mon courage. L'idée d'expérimenter de nouveau la mescaline me terrifiait, mais la phénoménologie n'avait-elle pas pour point de départ la conscience ordinaire? Je recommençai donc à prendre des notes sur les problèmes de notre monde intérieur, sur la topographie de la conscience.
Presque immédiatement, je compris que certaines forces intérieures s'opposaient à mes recherches. Dès que je commençais à réfléchir à ces problèmes, je souffrais de violents maux de tête et de nausées. Tous les matins, je m'éveillais avec un profond sentiment de découragement. Je me suis toujours intéressé en dilettante aux mathématiques et j'ai toujours été un bon joueur d'échecs. Je m'aperçus rapidement que je me sentais mieux dès que je tournais mon attention vers les mathématiques ou les échecs. Mais dès que je me penchais sur les problèmes de l'esprit, le même découragement s'emparait de moi. Ma faiblesse commençait à m'agacer. Je décidai de la surmonter à tout prix. Je demandai à mes employeurs un congé de deux mois et annonçai à ma femme que j'étais sur le point de tomber gravement malade. Puis, je me penchai délibérément sur les problèmes de la phénoménologie. Le résultat fut exactement celui que j'avais pressenti. Pendant quelques jours je me sentis las et déprimé; puis, j'éprouvai de violents maux de tête et une grande fatigue nerveuse. Enfin, je me mis à vomir tout ce que je mangeais. Je m'alitai et essayai de trouver l'explication de cette faiblesse en recourant aux méthodes d'analyse préconisées par Husserl. Ma femme ignorait la nature de mon mal et son anxiété aggravait mon état. C'était une chance que nous n'eussions pas d'enfants, car sinon je n'aurais sans doute pas eu le courage de continuer. Au bout d'une quinzaine de jours, j'étais si épuisé que je pouvais à peine avaler une gorgée de lait. Je fis un immense effort pour rassembler mes forces, afin d'atteindre les couches les plus profondes de ma conscience et ce fut à ce moment-là que je m'aperçus de la présence de mes ennemis. Comme si, ayant plongé au fond de la mer, j'avais eu soudain conscience d'être entouré de requins. Évidemment, je ne pouvais pas les « voir » au sens propre du terme, mais je pouvais sentir leur présence aussi nettement que l'on sent la douleur d'une rage de dents. Ils étaient là tout au fond, à un niveau de mon être où ma conscience ne pénétrait jamais. Alors, comme j'essayais de me maîtriser pour ne pas crier d'épouvante, tel un homme qui sent sa destruction inévitable, je compris soudain que je les avais vaincus. Mes forces vitales les plus profondes s'étaient liguées contre eux. Une force immense que jusqu'alors j'ignorais posséder avait surgi, tel un géant. C'était une force beaucoup plus puissante que la leur, qui les contraignait de battre en retraite. J'en découvrais de plus en plus, des milliers, et pourtant je savais qu'ils ne pouvaient rien contre moi. Après cela, la vérité m'apparu avec une telle évidence que je demeurai confondu. Tout était parfaitement clair; j'avais tout compris. J'avais compris pourquoi ils tenaient tant à ce que l'on ne soupçonnât pas leur existence. L'homme possède en effet plus de puissance qu'il n'en faut pour les détruire tous, mais tant qu'il n'a pas conscience de leur existence, ils peuvent vivre à ses dépens, lui sucer son énergie à la manière de vampires.
Ma femme entra dans la chambre et fut étonnée de me voir rire comme un fou. Un instant, elle pensa que j'avais perdu la raison. Puis, elle comprit que ce rire était bien celui d'un homme sain d'esprit. Je lui demandai de m'apporter un bol de potage. Deux jours plus tard, j'étais sur pied, en parfaite santé et plus dynamique que jamais. Tout d'abord ma découverte me procura une telle joie que j'oubliai les vampires de l'esprit. Je compris combien ensuite cela était stupide. Ils avaient un immense avantage sur moi; ils connaissaient mon esprit beaucoup mieux que moi-même. Si je ne me montrais pas très prudent, ils pouvaient encore me détruire.
Mais pour l'instant, j'étais sauf. Lorsque, plus tard dans la journée, je ressentis les sourds assauts répétés d'une vague de dépression, je fis de nouveau appel à cette profonde source d'énergie intérieure, ainsi qu'à mon optimisme sur l'avenir humain. Les attaques cessèrent immédiatement et j'éclatai à nouveau de rire. Il me fallut des semaines pour parvenir à maîtriser ce rire nerveux qui se déclenchait toutes les fois qu'il m'arrivait d'affronter les parasites. Ce que j'avais découvert était tellement fantastique qu'un esprit non averti ne pouvait pas le comprendre. En fait, c'était une chance extraordinaire que je n'eusse pas fait cette découverte six mois auparavant, alors que je travaillais pour la Transworld. En effet, depuis lors, mon esprit s'y était préparé lentement et inconsciemment. Au cours de ces derniers mois, j'ai acquis de plus en plus la conviction que ce n'était pas une simple question de chance. J'ai le sentiment que des forces puissantes œuvrent aux côtés de l'humanité, bien que je n'aie aucune idée de leur nature. (...) Dans certains cas, ceux-ci ont même réussi à prendre complètement possession d'un esprit humain et à l'utiliser à leurs propres fins. Par exemple, je suis presque certain que le marquis de Sade était l'un de ces « zombis » dont l'esprit était entièrement sous le contrôle des vampires. Le caractère blasphématoire et la stupidité de ses œuvres ne sont pas, comme pour d'autres, une manifestation de vitalité démoniaque; la preuve en est que Sade n'a jamais, en aucune façon, atteint la maturité bien qu'il ait vécu jusqu'à l'âge de 74 ans. Le seul but de son œuvre a été d'accroître la confusion mentale de l'espèce humaine en déformant et en dénaturant délibérément la vérité sur la sexualité.
A part ces faits évidents, je n'ai pas appris grand-chose sur les vampires de l'esprit. Je soupçonne qu'il y en a toujours eu au moins quelques-uns sur la terre. L'idée chrétienne du démon vient peut-être d'une obscure intuition du rôle qu'ils ont joué dans l'histoire de l'humanité, rôle qui consiste à s'emparer d'un esprit humain pour en faire un ennemi de la vie et du genre humain. Mais il serait faux d'accuser les vampires de tous les maux de l'humanité. L'homme est un animal qui essaie de devenir un dieu. La plupart de ses problèmes découlent fatalement de cette aspiration. J'ai, quant à moi, une autre théorie que j'exposerai ici par souci de ne rien négliger. Je soupçonne qu'il existe dans l'univers de nombreuses espèces qui, comme la nôtre, cherchent à évoluer. Au cours des premières phases de son évolution, toute espèce se préoccupe surtout de conquérir un milieu, de se défendre contre ses ennemis, de se procurer ce qu'il faut pour vivre. Mais, tôt ou tard, il arrive un moment où l'espèce a franchi toutes ces étapes et peut alors tourner son attention vers des préoccupations spirituelles « Mon esprit est mon royaume », disait Sir Edward Dyer. Et lorsque l'homme se rend compte que son esprit est un royaume au sens propre du terme, un immense domaine inexploré, il a franchi la limite qui le sépare d'un dieu.
Je soupçonne également ces vampires de l'esprit de s'attaquer aux espèces qui ont presque atteint cette phase de leur évolution et qui sont sur le point d'accéder à une nouvelle puissance, puis de vivre à leurs dépens jusqu'à leur destruction. Ce n'est pas leur véritable intention de les détruire, car il leur faut alors chercher une nouvelle proie. Ils préfèrent vivre le plus longtemps possible aux dépens de leurs hôtes qui sont, eux, absorbés dans le combat que leur impose l'évolution. Leur but est donc d'empêcher l'homme de découvrir son monde intérieur afin que son attention reste tournée vers l'extérieur. A mon avis, il est évident que les guerres du XXe siècle nous ont été imposées par ces vampires. Hitler, comme Sade, était presque certainement un autre de leurs « zombis ». Une guerre mondiale totalement destructrice ne servirait pas leurs buts, tandis que de continuels petits conflits font admirablement leur jeu. Que deviendrait l'homme s'il pouvait détruire ces vampires ou les chasser? Tout d'abord, il en retirerait certainement un extraordinaire soulagement mental, une impression de libération, un regain d'énergie et d'optimisme. Cette libération d'énergie entraînerait une floraison de chefs-d'oeuvre artistiques. L'humanité réagirait à la manière d'un enfant qui quitte l'école le dernier jour du trimestre. Puis, l'homme s'orienterait vers la découverte de son domaine intérieur. Il recueillerait l'héritage d'Husserl. (Le fait qu'Hitler soit responsable de la mort d'Husserl, alors que ce dernier était sur le point de faire de nouvelles découvertes, est très significatif.) L'homme réaliserait soudain qu'il possède en lui-même des pouvoirs en comparaison desquels la bombe H est une simple plaisanterie. Aidé peut-être par des produits tels que la mescaline, il deviendrait pour la première fois un habitant du monde de l'esprit, au même titre qu il est actuellement un habitant de la Terre. Il explorerait les territoires de l'esprit comme Livingstone et Stanley ont exploré l'Afrique. Il découvrirait qu'il a plusieurs « moi », et que ses « moi » les plus élevés sont ce que ses ancêtres auraient appelé des dieux.
J'ai une autre théorie qui est si absurde que j'ose à peine en parler. A leur insu, les vampires de l'esprit sont les instruments d'une force supérieure. Ils peuvent naturellement réussir à détruire la civilisation aux dépens de laquelle ils vivent. Mais si, par chance, cette espèce devient consciente du danger, le résultat est à l'extrême opposé de celui qu'ils visent. Un des principaux obstacles à l'évolution humaine est l'apathie de l'homme, sa tendance à se laisser aller et à remettre les choses au lendemain. En un certain sens, c'est un danger plus grave pour l'évolution, ou du moins un obstacle plus grand, que les vampires eux-mêmes. Une fois qu'une espèce a pris conscience de l'existence de ces vampires, la bataille est déjà à moitié gagnée. Lorsque l'homme possède un but et une croyance, il est pratiquement invincible.
Les vampires peuvent peut-être servir parfois à immuniser l'homme contre sa propre indifférence, contre sa propre paresse. Mais ce n'est là qu'une hypothèse absolument gratuite. Il existe un autre problème, beaucoup plus important que cette hypothèse : comment faire pour se débarrasser de ces vampires? Pour répondre à cette question, il ne suffit pas de rapporter des « faits ». Les faits historiques ne signifient rien en eux-mêmes, il ne faut en tenir aucun compte. Il faut en quelque sorte avertir l'espèce humaine du danger qu'elle court. Si je le faisais grâce à une interview à la télévision ou à une série d'articles je serais peut-être écouté, mais je crois que les gens me prendraient tout simplement pour un fou. Oui, vraiment, c'est un problème difficile à résoudre. A moins de persuader tout le monde de prendre une dose de mescaline, je ne vois aucun moyen de convaincre les gens. Et encore ne suis-je pas certain que la mescaline aurait l'effet souhaité. Sinon, je pourrais peut-être essayer de déverser une grande quantité de mescaline dans les adductions d'eau d'une ville. Non, une telle idée est impensable. Avec les vampires de l'esprit toujours prêts pour l'attaque, il ne faut pas risquer de compromettre ainsi l'équilibre mental des hommes, c'est une chose trop fragile. Je comprends maintenant pourquoi les expériences que j'ai tentées à la Transworld ont échoué si lamentablement. Les vampires ont délibérément exterminé ces individus en guise d'avertissement à mon intention. L'être moyen ne possède pas l’équilibre mental suffisant pour leur résister.

Colin Wilson, Les parasites de l'esprit, 1967. Traduction Marie-Raymonde Delorme, Nouvelles éditions Oswald, 1980, pp. 59-70

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