vendredi 6 septembre 2013

Connais-toi toi-même (2). Gurdjieff

Connais-toi toi-même. Source : http://www.mariadompe.com/en/opere/41/

"En s'observant lui-même, un homme doit différencier les quatre fonctions fondamentales de sa machine : les fonctions intellectuelle, émotionnelles, motrice et instinctive. Chaque phénomène qu'un homme observe en lui-même se rapporte à l'une ou l'autre de ces fonctions.

Lorsqu'on commence à s'observer, on doit essayer aussitôt de déterminer à quel groupe, à quel centre appartiennent les phénomènes que l'on est en train d'observer. Les uns trouvent difficile de comprendre la différence entre pensée et sentiment, les autres distinguent avec peine entre sentiment et sensation, ou entre pensée et sensation, ou entre pensée et impulsion motrice.
On peut dire, en gros, que la fonction de penser travaille toujours par comparaison.
La sensation et l'émotion ne raisonnent pas, elles ne comparent pas, elles définissent seulement une impression.
Les fonctions du sentiment, ou émotions, sont toujours plaisantes ou déplaisantes ; les émotions indifférentes n'existent pas.
En outre, les sensations peuvent être indifférentes : ni chaud ni froid, ni plaisant ni déplaisant.


La connaissance la plus complète que nous puissions avoir d'un sujet donné ne peut être obtenue que si nous l'examinons simultanément à travers nos pensées, nos sentiments et nos sensations. Tout homme qui s'efforce d'atteindre à la véritable connaissance doit tendre vers la possibilité d'une telle perception.

Un homme qui commence à s'étudier lui-même, s'il découvre en lui quelque chose qu'il n'aime pas, doit comprendre qu'il ne sera pas capable de la changer. Etudier est une chose, changer en est une autre. mais 'étude est le premier pas vers la possibilité de changer dans l'avenir.
La machine est équilibrée dans tous ses détails à chaque moment de son activité. Si un homme constate en lui-même quelque chose qu'il n'aime pas et commence à faire des efforts pour le changer, il peut parvenir à un certain résultat. Mais en même temps que ce résultat, il en obtiendra inévitablement un autre, qu'il ne pouvait soupçonner.
Par exemple, un homme peut observer qu'il est très distrait, qu'il oublie tout. Il commence à lutter contre cette habitude, et s'il est assez méthodique et résolu, il réussit, après un certain temps, à obtenir le résultat voulu : il cesse d'oublier ou de perdre des choses.
Cependant, il y a quelque chose qu'il ne remarque pas, mais que les autres remarquent, par exemple : qu'il est devenu irritable, pédant, chicanier, désagréable.
Si bien que, lorsqu'un homme travaille sur lui-même convenablement, il doit considérer les changements compensateurs qui peuvent intervenir, et en tenir compte d'avance. De cette façon seulement il pourra éviter les changements indésirables."

Ouspensky, Fragments d'un enseignement inconnu, 1949, traduit de l'anglais par Philippe Lavastine, Stock, 2003, p.159-163

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire