La Mère au Fils : Quand ta fille est venue au monde, moi, je le savais; j'ai fait un rêve, et à la même heure que je me suis réveillée avec un grand cri, et que ça a réveillé ton père et nous avons regardé l'heure, tu pourrais le lui demander, mais il est mort.
Et puis tu as écrit et tu nous as dit l'heure, et c'était l'heure.
C'est ma fille à moi, ta soeur qui était morte, qui est venue dans mon rêve et qu'elle m'a dit :
- Voilà, vous ne voulez plus d'enfants et moi je veux revenir sur la terre, parce que j'ai été malheureuse et maintenant je veux être heureuse. Toi, maintenant, si tu me voulais je reviendrais, mais tu ne veux plus d'enfants, tu as été trop malheureuse avec tes enfants.
"Alors, voilà, je vais aller dans le corps d'une étrangère, de la femme de mon frère, et je serai sa fille, puisque je ne peux pas être la tienne. Mais je ne veux le faire que si tu me donnes la permission. Dépêche-toi de me dire, il n'y a plus que quelques minutes; si tu dis non, l'enfant viendra au monde mort; si tu dis oui, ce sera moi, vivante; et moi je veux vivre, je veux être heureuse. Dépêche-toi !"
Alors, moi, j'ai crié ; "Va-t'en! Va-t'en! tout haut, que j'ai réveillé ton père et je me suis réveillée.
Et puis tu as écrit qu'elle était née à cette heure-là, et qu'en naissant elle avait le cordon enroulé autour du cou, et que le médecin il l'a vu tout de suite, et il a passé le doigt et il l'a déroulé, et sans cela l'enfant était étouffé.
Si je n'avais pas crié : Va-t'en, c'était trop tard.
Denis Saurat, La mort et le rêveur. Editions du Vieux Colombier, Paris, 1947. Réédition Praxis-Lacour, 1990, pp. 26-27.
C'est ma fille à moi, ta soeur qui était morte, qui est venue dans mon rêve et qu'elle m'a dit :
- Voilà, vous ne voulez plus d'enfants et moi je veux revenir sur la terre, parce que j'ai été malheureuse et maintenant je veux être heureuse. Toi, maintenant, si tu me voulais je reviendrais, mais tu ne veux plus d'enfants, tu as été trop malheureuse avec tes enfants.
"Alors, voilà, je vais aller dans le corps d'une étrangère, de la femme de mon frère, et je serai sa fille, puisque je ne peux pas être la tienne. Mais je ne veux le faire que si tu me donnes la permission. Dépêche-toi de me dire, il n'y a plus que quelques minutes; si tu dis non, l'enfant viendra au monde mort; si tu dis oui, ce sera moi, vivante; et moi je veux vivre, je veux être heureuse. Dépêche-toi !"
Alors, moi, j'ai crié ; "Va-t'en! Va-t'en! tout haut, que j'ai réveillé ton père et je me suis réveillée.
Et puis tu as écrit qu'elle était née à cette heure-là, et qu'en naissant elle avait le cordon enroulé autour du cou, et que le médecin il l'a vu tout de suite, et il a passé le doigt et il l'a déroulé, et sans cela l'enfant était étouffé.
Si je n'avais pas crié : Va-t'en, c'était trop tard.
Denis Saurat, La mort et le rêveur. Editions du Vieux Colombier, Paris, 1947. Réédition Praxis-Lacour, 1990, pp. 26-27.
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