Le « vol plané » nous donne une vue d’oiseau (…). Dès que nous avons décollé, nous nous apercevons que nous gaspillons la plupart de nos forces à maîtriser des émotions banales ou négatives ; nous ressemblons à des lutteurs qui s’entravent eux-mêmes. Ces émotions nous clouent au sol, ce qui explique que nous passons toute notre vie dans un état analogue à l’ « hystérie » de Janet (Pierre Janet, qui hypnotisa une neurasthénique) et que nous considérons comme la conscience normale. En fait elle est si contractée que nous respirons avec peine. Etroite, hantée par l’anxiété, elle est la conséquence de la confusion psychologique dans laquelle nous vivons. Le vol plané nous fait prendre conscience de la force de nos réactions.
L’esprit possède plusieurs portes intérieures, telles les vannes d’un canal. Dès qu’on a passé une porte, il est difficile de sortir, comme je le découvris lorsque je me trouvais pris au piège derrière la porte de l’angoisse. Notre conscience « ordinaire » est une autre de ces portes. Et chacune nous sépare un peu plus de la « source d’énergie, de sens et de volonté », de l’élan de vitalité qui naît du subconscient.
(…) Si vous vous réveillez au milieu de la nuit et pensez à l’argent ou tentez de résoudre un problème de mathématiques, vous aurez du mal à vous rendormir. L’usage de la faculté de raisonnement vous a entrainé loin des chaudes profondeurs du subconscient. Si vous pouvez emplir votre esprit d’images, rideaux de velours, nuages à la dérive, immeubles géants, vous sombrez de nouveau peu à peu dans le monde de l’inconscient. En rejoignant l’inconscient, vous passez par un royaume crépusculaire qu’on a appelé l’état hypnagogique. Chacun a éprouvé ces états, ne serait-ce que quelques secondes. Et quiconque prend la peine d’y réfléchir observera quelque chose de très étonnant : ces images paraissent tout à fait indépendantes de « vous », comme lorsque vous regardez un film surréaliste à la télévision ou au cinéma. (…)
L’état obtenu est une variante du « vol plané » et on peut à loisir observer les images et les idées étranges qui flottent dans l’esprit. Van Dusen remarque : « Ceux qui ont exploré ces états ont la sensation d’être un récipient dans lequel se déverse la vie. En outre, lorsqu’on a longtemps observé ces pensées se développer de leur propre chef, on peut détecter le même processus dans la conscience ordinaire de l’état de veille. On ne considère pas longtemps la petite pensée-frontière qui pénètre notre esprit dans la journée comme notre propre création… L’idée que nous maîtrisons si peu de choses dans notre esprit en effraiera certains. Mais c’est un état normal et commun. Nous sommes une sorte de courant vital qui va et vient. Regarder ce va-et-vient nous éclaire sur notre pouvoir et nous rend plus humbles.
Colin Wilson, Mystères, 1978. Albin Michel, 1981, traduction Robert Genin et Sylvie Bérigaud, extraits pp. 198-200
L’esprit possède plusieurs portes intérieures, telles les vannes d’un canal. Dès qu’on a passé une porte, il est difficile de sortir, comme je le découvris lorsque je me trouvais pris au piège derrière la porte de l’angoisse. Notre conscience « ordinaire » est une autre de ces portes. Et chacune nous sépare un peu plus de la « source d’énergie, de sens et de volonté », de l’élan de vitalité qui naît du subconscient.
(…) Si vous vous réveillez au milieu de la nuit et pensez à l’argent ou tentez de résoudre un problème de mathématiques, vous aurez du mal à vous rendormir. L’usage de la faculté de raisonnement vous a entrainé loin des chaudes profondeurs du subconscient. Si vous pouvez emplir votre esprit d’images, rideaux de velours, nuages à la dérive, immeubles géants, vous sombrez de nouveau peu à peu dans le monde de l’inconscient. En rejoignant l’inconscient, vous passez par un royaume crépusculaire qu’on a appelé l’état hypnagogique. Chacun a éprouvé ces états, ne serait-ce que quelques secondes. Et quiconque prend la peine d’y réfléchir observera quelque chose de très étonnant : ces images paraissent tout à fait indépendantes de « vous », comme lorsque vous regardez un film surréaliste à la télévision ou au cinéma. (…)
L’état obtenu est une variante du « vol plané » et on peut à loisir observer les images et les idées étranges qui flottent dans l’esprit. Van Dusen remarque : « Ceux qui ont exploré ces états ont la sensation d’être un récipient dans lequel se déverse la vie. En outre, lorsqu’on a longtemps observé ces pensées se développer de leur propre chef, on peut détecter le même processus dans la conscience ordinaire de l’état de veille. On ne considère pas longtemps la petite pensée-frontière qui pénètre notre esprit dans la journée comme notre propre création… L’idée que nous maîtrisons si peu de choses dans notre esprit en effraiera certains. Mais c’est un état normal et commun. Nous sommes une sorte de courant vital qui va et vient. Regarder ce va-et-vient nous éclaire sur notre pouvoir et nous rend plus humbles.
Colin Wilson, Mystères, 1978. Albin Michel, 1981, traduction Robert Genin et Sylvie Bérigaud, extraits pp. 198-200
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire