Les états d’âme, poursuivait-il, que les gens éveillent en nous sont dus à leur vie cachée qui influence la nôtre. Le vide est attiré par le vide. Par exemple, quelqu’un vous retrouve dans une pièce où il n’y a personne : instantanément vous changez l’un et l’autre. Le nouvel arrivant, sans avoir rien dit, a causé un changement dans votre état d’âme. Les états d’âme de la nature ne peuvent-ils pas nous toucher, nous stimuler, en vertu d’une prérogative semblable ? La mer, les collines, le désert éveillent la passion, la joie, la terreur, suivant les cas ; pour quelques-uns, peut-être (…) des émotions d’une splendeur curieuse, fulgurante qu’il est tout à fait impossible de qualifier. Eh bien… d’où viennent ces pouvoirs ? A coup sûr, de rien qui soit… mort ! Est-ce que l’influence d’une forêt, son empire, l’étrange ascendant qu’elle exerce sur certains esprits, n’est pas une manifestation directe de vie ? Cette mystérieuse émanation des grands bois resterait sans cela impossible à expliquer. Certains tempéraments appellent résolument cette influence.
Algernon Blackwood, Celui que les arbres aimaient, 1962. in Le Wendigo, traduction Jacques Parsons, éditions Denoël, 1972
Algernon Blackwood, Celui que les arbres aimaient, 1962. in Le Wendigo, traduction Jacques Parsons, éditions Denoël, 1972
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