La vie ne m’a pas déçu ! Je la trouve au contraire d’année en année plus riche, plus désirable et plus mystérieuse, - depuis le jour où m’est venue la grande libératrice, cette pensée que la vie pouvait être une expérience de celui qui cherche la connaissance, - et non un devoir, non une fatalité, non une duperie ! – Et la connaissance elle-même : que pour d’autres elle soit autre chose, par exemple un lit de repos, ou bien le chemin qui mène au lit de repos, ou bien encore un divertissement ou bien une flânerie, - pour moi elle est un monde de dangers et de victoires, où les sentiments héroïques eux aussi ont leur place de danses et de jeux. « La vie comme moyen de la connaissance » - avec ce principe au cœur, on peut non seulement vivre avec bravoure, mais encore vivre gaiement, et rire joyeusement !
Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir, aphorisme n°324, pp.318-319, LGF, 1993. traduction d'Henri Albert, revue par Marc Sautet.
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